Dans cette intéressante “Bataille entre milices européennes” (peinture à l'huile sur toile, 65 x 125 cm sans cadre et 85 x 145 cm avec cadre), l'auteur équilibre l'inventivité entre le cœur de la bataille au premier plan sur le centre gauche, où un cavalier, à cheval, tente de frapper avec une épée un soldat à pied qui, à son tour, cherche à le désarçonner, tandis qu'encore plus près, on remarque un cavalier mort et un cheval avec un regard terrifié qui tente de se relever pour s'échapper : au second plan, il y a l'ouverture à gauche sur un fond montagneux avec une ville, tandis qu'à droite une intéressante ouverture perspective qui ouvre et allonge la peinture en lui donnant le juste équilibre.
Un schéma typique de Jacques Courtois, dit le Bourguignon, qui fut un chef de file incontesté de ce genre, non seulement à Rome et à Florence où il réalisa ses œuvres les plus célèbres, mais aussi pour tous les autres "peintres de batailles" italiens et même étrangers, pour lesquels il constitua un point de référence primordial.
Toutefois, les manières figuratives de notre auteur, bien que dans la lignée du chef de file susmentionné, apparaissent plus âpres et crues, tout en ne manquant pas de qualités propres à un spécialiste du secteur avec une verve souple et décidée dans la délinéation des chevaux et dans la gestuelle des combattants, même avec des raccourcis efficaces comme le destrier vu de dos sur le côté droit, dont le cavalier avec une veste rouge a l'épée dans la main droite prêt à frapper.
En passant à l'examen typologique, et parallèlement stylistique et pictural du tableau, je pense qu'il faut l'attribuer au flamand Pieter Hofmans, dit le Giannizzero (Anvers 1642 c. - Rome 1692), dont le biographe Luigi Lanzi (Histoire picturale de l'Italie, VIe édition, Milan 1823, II, pag. 225) se souvient comme de son seul disciple direct, en me basant en premier lieu sur la comparaison avec les deux grandes "Batailles entre armées européennes et turques", déjà dans la collection Sciarra, puis dans celle Almagià (voir catalogue par R.E. Spear, Renaissance and Baroque Painting, Bozzi ed., Rome 1972, nn. 37-38, pp. 74-75), qui ont constitué le premier point de repère essentiel pour la redécouverte de ce ‘peintre de batailles’, comme j'ai eu l'occasion de l'exposer dans le volume que j'ai dirigé sur Les Peintres de Batailles. Maîtres italiens et étrangers des XVIIe et XVIIIe siècles, De Luca ed., Rome 1999, pp. 354-355). En effet, les correspondances dans la délinéation des chevaux, entre le tableau ici examiné et le couple “Almagià” sont très frappantes.
Pieter, après avoir été l'élève dans son pays de Nicolas I van Eyck, partit vers 1660 pour l'Italie, s'installant à Rome où il épousa en 1682 Margherita Gambari. Mais précédemment, il avait voyagé en Turquie, semble-t-il avec le paysagiste Zurniter ; une expérience d'où dériva probablement son surnom dans la Bent romaine de Janitzer, bien que N. Houbraken, qui l'inclut dans son poème sur les Bentvueghles, écrive que ce surnom lui fut donné parce qu'il se tenait droit comme un janissaire suisse. Quoi qu'il en soit, la connaissance de ce ‘peintre de batailles’ négligé peut être élargie par de nouvelles redécouvertes à sa main d'une pertinence convaincante. En particulier avec le couple de petites peintures remarquables que j'ai pu examiner directement - une "Bataille" nocturne et un "Porte-drapeau", puis vendus aux enchères chez Sotheby’s à Milan en 2004 - sur le châssis original desquelles figure l'inscription contemporaine "Di Monsieur Giannizzaro Scolare del Padre Giacomo" (comme on le sait Jacques, en italien Giacomo, entra en 1658 dans la Compagnie de Jésus), et qui autrement auraient pu être confondues avec des œuvres de Courtois.
Toutefois, même s'il n'est certainement pas encore possible de fixer un parcours évolutif de Hofmans, je considère que la présente “Bataille” devrait appartenir aux premières années de sa phase romaine, car elle reste encore liée à une empreinte figurative de goût nordique.
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Dr. Riccardo Moneghini
Historien de l'Art